
Lorsque la perte d’autonomie d’un proche s’accélère, le sentiment d’urgence et d’impuissance peut être paralysant. La clé n’est pas de subir passivement les longues listes d’attente, mais de transformer cette épreuve en un projet de soins proactif. En comprenant les rouages du système, de l’évaluation SMAF aux aides financières, vous pouvez reprendre le contrôle, prendre des décisions éclairées et assurer la sécurité de votre parent sans vous épuiser.
Faire face à la perte d’autonomie d’un parent est l’une des épreuves les plus complexes et émotionnellement chargées qu’une famille puisse traverser. La décision de chercher une place en Centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) ou en ressource intermédiaire (RI) arrive souvent dans un contexte de crise, où le sentiment d’urgence se mêle à la culpabilité et à une profonde confusion. Vous avez probablement entendu qu’il faut « contacter le CLSC » ou « s’inscrire sur une liste d’attente », mais ces conseils, bien que justes, sont loin d’être une stratégie.
Le système de santé québécois, avec ses acronymes comme CLSC, CIUSSS, et SMAF, peut ressembler à un labyrinthe impénétrable. On se sent rapidement dépassé, réactif plutôt qu’actif, subissant les délais et les contraintes. La tentation est grande de se concentrer uniquement sur la destination finale, la place en hébergement, en oubliant toutes les étapes cruciales qui permettent non seulement d’y arriver, mais aussi de rendre le parcours plus humain et sécuritaire pour tous.
Et si la véritable solution n’était pas de se battre contre le système, mais d’apprendre à naviguer à l’intérieur de ses règles ? L’approche que nous proposons ici est de passer d’une attente passive à un projet de soins proactif. Il s’agit de comprendre les mécanismes déterminants, comme l’évaluation SMAF, pour préparer un dossier solide. Il s’agit d’explorer des solutions concrètes pour sécuriser le domicile et peut-être repousser l’échéance, tout en se préparant financièrement et psychologiquement à la transition.
Cet article n’est pas une simple liste de ressources. C’est une feuille de route, conçue avec la perspective d’un travailleur social, pour vous redonner le contrôle. Nous allons décortiquer chaque étape pour que vous puissiez poser des actions concrètes dès aujourd’hui, transformer l’anxiété en planification et, ultimement, prendre la meilleure décision pour votre proche, et pour vous.
Pour vous guider à travers ce processus complexe, cet article est structuré pour répondre aux questions les plus pressantes que se posent les familles. Vous y trouverez des informations claires et des stratégies concrètes pour chaque étape du parcours.
Sommaire : Naviguer le parcours vers un hébergement adapté au Québec
- Pourquoi l’outil SMAF est-il déterminant pour l’accès aux services ?
- Comment sécuriser la salle de bain pour repousser le départ en institution ?
- RPA privée ou CHSLD public : quelles différences de soins et de coûts ?
- L’erreur de ne pas demander le crédit d’impôt pour maintien à domicile
- Quand visiter les établissements pour éviter le choc de l’urgence ?
- Maison de retraite ou maintien à domicile : comment décider sans culpabiliser ?
- Comment maximiser vos remboursements d’assurances privées pour les soins paramédicaux ?
- Quelles aides financières et ressources existent pour les proches aidants au Québec ?
Pourquoi l’outil SMAF est-il déterminant pour l’accès aux services ?
Dans le processus d’accès à un hébergement, le Système de Mesure de l’Autonomie Fonctionnelle (SMAF) n’est pas qu’un simple formulaire administratif ; c’est la pierre angulaire de tout le système. Comprendre son fonctionnement est la première étape pour construire un dossier qui reflète la réalité de la situation de votre proche. L’évaluation est menée par un professionnel de la santé du CLSC (souvent un travailleur social ou un ergothérapeute) et mesure 29 fonctions liées à l’autonomie, regroupées en cinq domaines : les activités de la vie quotidienne (AVQ), les activités de la vie domestique (AVD), la mobilité, la communication et les fonctions mentales.
Le résultat de cette évaluation est un « profil ISO-SMAF », une cote de 1 à 14 qui détermine l’orientation de la personne. Un profil bas (généralement 1 à 9) mènera vers des services de maintien à domicile ou une orientation en ressource intermédiaire. Un profil élevé est indispensable pour accéder à un CHSLD. En effet, le ministère de la Santé et des Services sociaux exige que plus de 85% des personnes nouvellement admises en CHSLD aient un profil ISO-SMAF de 10 à 14. Votre objectif n’est pas de « gonfler » le score, mais de vous assurer que l’évaluation soit le portrait le plus juste possible de la perte d’autonomie.

Une personne âgée, par fierté ou par crainte, peut minimiser ses difficultés lors de l’évaluation. C’est pourquoi votre rôle est crucial. En tant que proche, votre présence et votre préparation peuvent faire toute la différence pour obtenir un portrait fidèle de la situation. C’est ici que l’idée d’un « dossier de preuve » prend tout son sens. Avant l’évaluation, documentez précisément les incidents, les oublis, les quasi-chutes et les difficultés quotidiennes. Cette préparation permet à l’évaluateur de disposer de faits concrets pour établir le bon profil et orienter votre parent vers les ressources réellement adaptées à ses besoins.
Plan d’action : se préparer à l’évaluation SMAF
- Créer un journal de bord : Notez sur plusieurs semaines tous les incidents (chutes, oublis, difficultés avec les repas, l’hygiène) pour avoir des exemples concrets.
- Assurer votre présence : Votre présence à l’évaluation est essentielle pour nuancer les réponses de votre proche et apporter des précisions factuelles.
- Comprendre les critères : Familiarisez-vous avec les 29 éléments évalués pour savoir quelles informations sont pertinentes à partager.
- Connaître les orientations : Sachez que les profils 1 à 9 orientent vers le domicile ou une ressource intermédiaire, tandis que 10 à 14 ouvrent la porte au CHSLD.
- Demander une réévaluation : Si l’état de votre proche se dégrade significativement pendant l’attente, vous avez le droit de demander une nouvelle évaluation SMAF.
En somme, aborder l’évaluation SMAF de manière proactive transforme une simple formalité en un levier stratégique pour accéder aux bons services, au bon moment.
Comment sécuriser la salle de bain pour repousser le départ en institution ?
Avant même d’envisager un déménagement, la première question à se poser est : peut-on rendre le domicile actuel plus sécuritaire ? La salle de bain est souvent l’endroit le plus à risque pour les aînés en perte d’autonomie. Les chutes sur un sol mouillé, les difficultés à enjamber le bain ou à se relever de la toilette sont des facteurs qui précipitent souvent une demande d’hébergement en urgence. Agir sur cet environnement peut non seulement prévenir des accidents graves, mais aussi prolonger de précieux mois, voire des années, le maintien à domicile.
Adapter la salle de bain ne signifie pas nécessairement des rénovations coûteuses et complexes. Des solutions simples comme l’installation de barres d’appui stratégiquement placées, d’un siège de bain ou d’un banc de transfert peuvent radicalement améliorer la sécurité et l’autonomie. Pour des besoins plus importants, transformer la baignoire en douche sans seuil (ou « douche à l’italienne ») élimine l’un des plus grands risques de chute. Ces aménagements ne sont pas de simples commodités ; ce sont des outils de prévention essentiels.
Le gouvernement du Québec reconnaît l’importance de ces adaptations et a mis en place des programmes de soutien financier. Le Programme d’adaptation de domicile (PAD) est une ressource inestimable, mais souvent méconnue. Il s’adresse aux personnes ayant une déficience et couvre une partie importante des coûts des travaux admissibles pour rendre leur logement plus sécuritaire et fonctionnel. L’aide financière peut être substantielle et alléger considérablement le fardeau des familles.
Étude de cas : Les solutions concrètes financées par le PAD
Une famille s’inquiétait des chutes répétées de leur père dans sa salle de bain. Grâce au PAD, ils ont pu financer plusieurs travaux essentiels. Les solutions admissibles incluent souvent l’installation de barres d’appui robustes, la création d’une douche sans seuil pour éliminer tout obstacle, et même l’élargissement des portes pour faciliter le passage avec une marchette. Comme le souligne une analyse du programme, le Programme d’adaptation de domicile (PAD) du Québec offre une aide financière pouvant atteindre jusqu’à 50 000 $ par personne admissible. Ces adaptations constituent des solutions permanentes pour maintenir l’autonomie et la sécurité, permettant ainsi de reporter le départ en institution et d’offrir une meilleure qualité de vie à domicile.
Investir dans la sécurité du domicile n’est pas une dépense, mais un investissement dans l’autonomie et la tranquillité d’esprit de toute la famille.
RPA privée ou CHSLD public : quelles différences de soins et de coûts ?
Lorsque le maintien à domicile n’est plus une option viable, le paysage de l’hébergement pour aînés au Québec peut sembler complexe, principalement divisé entre les résidences privées pour aînés (RPA) et les CHSLD publics. Comprendre leurs différences fondamentales en matière de soins et de coûts est crucial pour faire un choix aligné avec les besoins réels et la capacité financière de votre proche. Confondre ces deux options est une erreur fréquente qui peut mener à des déceptions coûteuses et à des ruptures de service.
Les RPA fonctionnent sur un modèle locatif : un loyer de base pour le logement, auquel s’ajoutent des forfaits de soins évolutifs. Elles offrent un cadre de vie agréable avec une panoplie de services (repas, loisirs, etc.). Cependant, leur capacité à fournir des soins complexes est limitée. Si l’état de santé d’un résident se dégrade au-delà de ce que la RPA peut gérer, cela peut entraîner une « rupture de service », forçant un retour à la case départ du système public. Il est donc impératif de vérifier la certification de la RPA et de bien comprendre les limites de son offre de soins.
Les CHSLD publics, quant à eux, sont des établissements de soins de santé. L’accès y est déterminé par le profil SMAF et géré par le réseau public. Ils sont conçus pour accueillir des personnes avec une perte d’autonomie lourde et des besoins de soins complexes et continus (24/7). Le coût n’est pas un loyer, mais une contribution fixée par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) en fonction des revenus de la personne hébergée, avec un montant maximal plafonné. La qualité des soins y est encadrée par des normes ministérielles et des agréments, offrant une garantie de suivi médicalisé que les RPA ne peuvent égaler.
Le tableau suivant, basé sur des données du marché, illustre clairement la différence de structure de coûts. Pour une analyse complète, il faut considérer que le coût en RPA peut rapidement escalader avec l’ajout de services, alors que le coût en CHSLD public est plus prévisible et encadré.
| Type d’hébergement | Coût mensuel | Base de calcul |
|---|---|---|
| CHSLD public – Chambre individuelle | Maximum 2 198,10 $/mois | Selon capacité financière (RAMQ) |
| CHSLD public – Chambre double | Maximum 1 836,30 $/mois | Selon capacité financière (RAMQ) |
| RPA privée | Variable (3 000 $ à 8 000 $+) | Loyer de base + forfait soins évolutif + extras |
En somme, la RPA est un milieu de vie avec services, tandis que le CHSLD est un milieu de soins. Cette distinction est la clé pour éviter les fausses attentes et assurer la sécurité à long terme de votre parent.
L’erreur de ne pas demander le crédit d’impôt pour maintien à domicile
Dans la gestion financière de la perte d’autonomie, une erreur fréquente et coûteuse est d’ignorer ou de sous-estimer le crédit d’impôt pour maintien à domicile des aînés du Québec. Cet outil fiscal n’est pas une simple déduction, mais un crédit remboursable conçu pour alléger le fardeau financier des services qui permettent à une personne de 70 ans et plus de rester chez elle. Omettre de le réclamer, c’est se priver d’une aide financière substantielle qui pourrait servir à payer des soins privés, des services d’aide domestique ou des adaptations au logement.
Ce crédit est particulièrement généreux. Il peut rembourser un pourcentage significatif des dépenses admissibles, qui sont beaucoup plus larges qu’on ne l’imagine. Elles incluent non seulement les soins infirmiers, mais aussi des services d’entretien ménager, de préparation de repas, d’aide à l’habillement et même les services d’une entreprise de surveillance. Pour l’année d’imposition 2024, le crédit d’impôt pour maintien à domicile des aînés peut atteindre jusqu’à 9 690 $ par année avec un taux de remboursement de 38% des dépenses admissibles pour une personne non autonome. C’est une somme qui peut faire une différence énorme dans le budget familial et permettre d’accéder à des services de meilleure qualité ou plus fréquents.

La démarche pour obtenir ce crédit peut se faire de deux manières : soit en une seule fois lors de la production de la déclaration de revenus via l’Annexe J, soit en demandant des versements anticipés mensuels. Cette deuxième option est particulièrement intéressante pour les familles, car elle fournit une liquidité régulière pour payer les factures de services au fur et à mesure, plutôt que d’attendre le remboursement annuel. Il est crucial de conserver toutes les factures et pièces justificatives, car Revenu Québec peut les demander. Fait important, ce n’est pas seulement la personne âgée qui peut le réclamer ; un proche qui paie pour des services admissibles peut aussi, sous certaines conditions, en bénéficier.
- Remplir l’Annexe J de la déclaration de revenus québécoise ou demander des versements anticipés pour une aide mensuelle.
- Inclure une large gamme de dépenses : entretien ménager, préparation de repas, soins infirmiers privés, etc.
- Conserver méticuleusement toutes les factures et pièces justificatives pendant une période de six ans.
- Pour un couple, un seul des deux conjoints doit faire la demande pour l’ensemble des dépenses du foyer.
- Un proche qui paie directement pour des services admissibles peut également réclamer le crédit.
En vous appropriant cet outil, vous ne faites pas que de l’optimisation fiscale ; vous vous donnez les moyens financiers de soutenir le projet de maintien à domicile de votre proche.
Quand visiter les établissements pour éviter le choc de l’urgence ?
Le moment où le CLSC appelle pour offrir une place en CHSLD est souvent un tourbillon d’émotions. La plupart des familles sont surprises d’apprendre qu’elles ne disposent que de 24 à 48 heures pour accepter ou refuser l’offre. Prendre une décision aussi lourde de conséquences dans un délai si court, sans avoir jamais mis les pieds dans l’établissement proposé, est une source d’angoisse immense. C’est pourquoi la stratégie la plus efficace pour éviter ce « choc de l’urgence » est de visiter les établissements bien avant que l’appel n’arrive.
L’idée est de transformer une décision réactive et anxiogène en un choix proactif et éclairé. En visitant à l’avance les CHSLD et les ressources intermédiaires de votre secteur, vous pouvez vous constituer une « courte liste » de préférences. Bien que le réseau de la santé ne puisse garantir une place dans l’établissement de votre premier choix en raison des listes d’attente et de l’urgence de la situation, le fait d’avoir déjà une opinion sur plusieurs lieux vous permettra de réagir rapidement et sereinement le moment venu. Vous saurez si la place proposée correspond à un environnement que vous jugez acceptable pour votre proche.
Une visite efficace va bien au-delà de la simple tournée des lieux avec un membre de la direction. Pour capter la véritable ambiance d’un établissement, il est conseillé de s’y rendre à des moments non conventionnels. Allez-y à l’heure du dîner pour observer la qualité et l’atmosphère des repas. Passez en début de soirée pour voir comment se déroule la vie lorsque le personnel administratif est parti. L’objectif est d’observer le personnel soignant en action, l’interaction avec les résidents, la propreté des lieux et l’ambiance générale. Ces observations non filtrées sont souvent plus révélatrices que n’importe quel discours officiel.
Voici quelques conseils pour rendre vos visites plus productives :
- Visitez à des moments clés : Privilégiez l’heure des repas ou le début de soirée pour observer la dynamique réelle de l’établissement.
- Observez le personnel : Notez la manière dont les soignants interagissent avec les résidents. Sont-ils respectueux, patients, attentionnés ?
- Contactez le comité des résidents : Chaque CHSLD québécois a l’obligation d’avoir un comité des résidents. C’est une source d’information inestimable et non filtrée.
- Préparez vos questions : Interrogez sur les ratios personnel/résidents (de jour, de soir, de nuit), les types d’activités proposées et la gestion des soins médicaux.
- Documentez vos impressions : Prenez des notes immédiatement après chaque visite pour ne pas confondre les établissements et pouvoir les comparer objectivement plus tard.
En fin de compte, visiter à l’avance, c’est se donner le pouvoir de dire « oui » ou « non » en toute connaissance de cause, plutôt que de subir une décision prise dans la panique.
Maison de retraite ou maintien à domicile : comment décider sans culpabiliser ?
La décision d’orienter un parent vers un hébergement est rarement une question purement logistique ; elle est profondément chargée d’émotions, et en particulier de culpabilité. La peur de « placer » son parent, de l’« abandonner », peut paralyser les familles et retarder une décision qui est pourtant dans le meilleur intérêt de la sécurité de l’aîné. Pour sortir de cette impasse émotionnelle, il est essentiel de recadrer la décision : il ne s’agit pas d’un abandon, mais d’un choix responsable pour un milieu de vie plus sécuritaire et adapté.
Un facteur souvent négligé, mais pourtant prioritaire, est la santé du proche aidant principal. L’épuisement, qu’il soit physique ou psychologique, n’est pas un signe de faiblesse, mais une réalité clinique qui doit être prise en compte. Tenter de tout faire soi-même jusqu’au point de rupture ne rend service à personne, ni à vous, ni à votre parent. Reconnaître ses propres limites est un acte de lucidité et de courage. Comme le rappelle une source experte en la matière, L’Appui pour les proches aidants du Québec, « L’épuisement du proche aidant est un facteur légitime et prioritaire dans la décision d’hébergement ».
Lorsque la discussion au sein de la famille devient conflictuelle, avec des opinions divergentes sur la meilleure marche à suivre, des ressources existent pour apaiser les tensions et faciliter une décision consensuelle. La médiation familiale, souvent accessible gratuitement via le travailleur social de votre CLSC, est un outil puissant.
La médiation familiale : transformer le conflit en collaboration
Une fratrie était déchirée : une sœur estimait que leur mère pouvait rester à domicile avec plus d’aide, tandis que son frère, témoin de plusieurs quasi-accidents, insistait sur l’urgence d’un placement en CHSLD. Le dialogue était rompu, empreint de reproches et de culpabilité. En faisant appel aux services de médiation du CLSC, un travailleur social a pu créer un espace neutre où chacun a pu exprimer ses craintes et ses espoirs sans jugement. Le médiateur a aidé la famille à recadrer le débat : la question n’était plus « qui a raison ? » mais « quel est l’environnement qui garantira le mieux la sécurité et le bien-être de notre mère ? ». Cette approche a permis de transformer une décision perçue comme un abandon en un acte collectif de protection et de bienveillance, menant à une décision unie et apaisée.
Finalement, le choix le plus aimant n’est pas toujours celui qui correspond à l’idéal du maintien à domicile à tout prix, mais celui qui assure la sécurité, la dignité et les soins appropriés pour votre parent, tout en préservant la santé des aidants.
Comment maximiser vos remboursements d’assurances privées pour les soins paramédicaux ?
Dans le parcours vers l’obtention de services pour un proche en perte d’autonomie, les délais du système public peuvent être une source de stress considérable. Obtenir une évaluation en ergothérapie, des séances de physiothérapie ou un suivi régulier via le CLSC peut prendre des semaines, voire des mois. Pendant ce temps d’attente, l’état de la personne peut se dégrader. C’est ici que les assurances privées, si votre parent en possède une, deviennent un outil stratégique essentiel, agissant comme un « pont financier et de services ».
L’erreur commune est de voir les assurances privées comme une simple source de remboursement après coup. La stratégie proactive consiste à les utiliser pour obtenir des services immédiatement, sans attendre le réseau public. Vous pouvez ainsi financer rapidement des consultations avec des professionnels en pratique privée (ergothérapeute, physiothérapeute, nutritionniste, etc.) pour évaluer les besoins, mettre en place un plan de stimulation ou d’adaptation du domicile. Ces interventions rapides peuvent freiner la perte d’autonomie et améliorer la qualité de vie en attendant que les services du CLSC se mettent en place. Comme le soulignent des organismes du secteur, les services du CLSC peuvent avoir des délais de plusieurs mois, ce qui rend cette stratégie de pont d’autant plus pertinente.
Pour maximiser ces remboursements, une bonne préparation est nécessaire. Avant même la crise, il est judicieux de lire en détail la police d’assurance pour connaître les plafonds annuels par type de soin, les pourcentages de remboursement et, surtout, la liste des associations professionnelles reconnues au Québec. Pour éviter les mauvaises surprises, assurez-vous que le professionnel que vous consultez est membre d’un ordre ou d’une association reconnue par l’assureur.
Voici quelques stratégies pour optimiser l’utilisation de vos assurances privées :
- Utiliser l’assurance comme un « pont » : N’attendez pas le CLSC. Engagez des services privés dès que le besoin se fait sentir pour une intervention rapide.
- Obtenir une prescription médicale : Même si l’assureur ne l’exige pas systématiquement, une prescription du médecin traitant pour des soins paramédicaux (ex: « évaluation en ergothérapie ») constitue une preuve solide en cas de contestation de la réclamation.
- Lire les détails de la police : Prenez connaissance des plafonds annuels, des franchises et des professionnels reconnus avant d’engager des dépenses.
- Vérifier la reconnaissance professionnelle : Assurez-vous que le thérapeute choisi est membre d’un ordre professionnel québécois reconnu par votre compagnie d’assurance.
- Conserver toutes les pièces : Gardez précieusement les factures détaillées et les prescriptions pour faciliter le processus de réclamation et avoir des preuves en cas d’audit.
En somme, les assurances privées ne sont pas qu’un filet de sécurité financier ; elles sont un levier d’action pour obtenir les bons soins, rapidement.
Les points essentiels à retenir
- L’évaluation SMAF est la porte d’entrée du système ; une préparation rigoureuse avec un journal de bord est cruciale pour obtenir un profil juste.
- La décision d’hébergement doit être recadrée comme un acte de protection et non d’abandon, en tenant compte de l’épuisement du proche aidant comme facteur légitime.
- Agir en amont en visitant les établissements et en sécurisant le domicile transforme une situation de crise subie en un projet de soins maîtrisé.
Quelles aides financières et ressources existent pour les proches aidants au Québec ?
Le parcours pour trouver un hébergement adapté est un marathon, pas un sprint. Et dans ce marathon, le proche aidant est souvent l’athlète qui s’oublie. Pourtant, prendre soin de soi n’est pas un luxe, mais une condition essentielle pour pouvoir continuer à soutenir son parent. Le Québec dispose d’un écosystème de ressources et d’aides financières spécifiquement conçues pour vous, mais elles restent souvent méconnues. Reconnaître votre statut de proche aidant est la première étape pour accéder à ce soutien vital.
Sur le plan financier, plusieurs crédits d’impôt peuvent alléger votre fardeau. Le Crédit d’impôt pour proche aidant, au provincial, est une aide directe qui reconnaît le temps et l’énergie que vous consacrez. Au niveau fédéral, l’Allocation pour proches aidants, versée via l’assurance-emploi, peut fournir un soutien de revenu si vous devez réduire votre temps de travail ou vous absenter pour prendre soin d’un proche gravement malade. Ces aides sont cumulables avec le crédit d’impôt pour maintien à domicile si vous êtes celui qui paie pour des services admissibles.
Au-delà de l’aspect financier, le besoin de répit est fondamental pour éviter l’épuisement. Votre CLSC est la porte d’entrée pour accéder à des services de répit. Ceux-ci peuvent prendre plusieurs formes : du répit à domicile pour quelques heures, une place en centre de jour pour votre parent, ou même un hébergement temporaire pour quelques jours, vous permettant de reprendre votre souffle. N’oubliez jamais la ligne Info-Social 811, disponible 24/7. C’est une ressource immédiate et confidentielle pour obtenir du soutien psychologique, des conseils et être dirigé vers les bonnes ressources dans votre région.
Voici une liste de ressources clés pour tout proche aidant au Québec :
- Crédit d’impôt pour proche aidant (Québec) : Une aide financière pouvant aller jusqu’à 2 000 $ par personne admissible.
- Allocation pour proches aidants (Fédéral) : Un soutien de revenu via l’assurance-emploi pour les aidants qui doivent s’absenter du travail.
- Services de répit via le CLSC : Plusieurs options existent (à domicile, centre de jour, hébergement temporaire) pour vous permettre de souffler.
- Ligne Info-Social 811 : Disponible 24/7 pour un soutien psychosocial immédiat et des références vers les ressources locales.
- Crédit d’impôt pour maintien à domicile : Vous pouvez le réclamer si vous payez des services admissibles pour votre proche, même si vous n’habitez pas avec lui.
En utilisant ces ressources, vous ne faites pas que vous aider vous-même ; vous vous assurez de pouvoir continuer à être un soutien solide et bienveillant pour votre parent sur le long terme. Pour mettre en œuvre un plan d’action concret, la première étape est de contacter Info-Social 811 ou votre CLSC local pour une évaluation de vos propres besoins en tant qu’aidant.
Questions fréquentes sur la recherche d’hébergement pour aînés au Québec
Êtes-vous un proche aidant sans le savoir ?
Si vous aidez régulièrement un parent âgé pour ses rendez-vous, ses courses, ses soins personnels ou sa gestion financière, même à distance, vous êtes considéré comme un proche aidant. Ce statut vous donne droit à des ressources et des aides financières spécifiques, conçues pour vous soutenir dans votre rôle.
Comment accéder rapidement aux services de répit ?
Le chemin le plus direct est de contacter la ligne Info-Social au 811. Un professionnel vous écoutera, évaluera votre situation et vous dirigera vers le guichet d’accès de votre CLSC local. Une évaluation plus formelle sera ensuite réalisée pour déterminer vos besoins et vous donner accès aux services de répit disponibles dans votre secteur (à domicile, en centre de jour ou en hébergement temporaire).
Puis-je cumuler plusieurs aides financières ?
Oui, plusieurs aides sont cumulables. Par exemple, un proche aidant peut recevoir le crédit d’impôt pour proche aidant tout en réclamant le crédit d’impôt pour maintien à domicile, à condition qu’il paie lui-même pour des services admissibles pour son parent. Il est conseillé de consulter un professionnel ou les guides de Revenu Québec pour optimiser votre situation fiscale.