Publié le 15 mars 2024

Subir le climat québécois est une erreur ; la clé est d’apprendre à piloter activement la réponse de votre corps aux variations extrêmes.

  • Votre routine doit changer non pas par saison, mais en fonction de signaux précis comme l’humidité et la pression barométrique, qui impactent directement la peau et les articulations.
  • La protection ne s’arrête pas à la porte : l’équilibre entre le chauffage intérieur, l’humidité et l’activité physique est aussi crucial que le choix de votre manteau.

Recommandation : Adoptez une stratégie de régulation active en anticipant les chocs thermiques (été comme hiver) et en ajustant vos soins, vêtements et habitudes de vie de manière dynamique.

Cette sensation de peau qui tiraille dès que le thermomètre plonge sous -20°C en janvier, cette douleur sourde au genou qui annonce la pluie de novembre, cette fatigue écrasante quand les jours raccourcissent… Si vous vivez au Québec, ces expériences sont plus que familières. Elles sont le rythme même de votre corps qui tente de s’adapter à l’un des climats les plus exigeants au monde. Face à ces écarts de -30°C à +30°C, les conseils habituels comme « hydratez-vous bien » ou « couvrez-vous » semblent dérisoires. Ils traitent le symptôme, mais ignorent la cause profonde : notre corps est souvent en décalage, victime d’une inertie physiologique face à des changements météorologiques brutaux.

Le problème n’est pas tant le froid ou la chaleur en soi, mais la rapidité et l’amplitude des transitions. Mais si la véritable solution n’était pas de subir passivement en espérant s’endurcir, mais plutôt d’adopter une stratégie de régulation active ? En tant que physiologiste de l’environnement, ma perspective est claire : il faut cesser de voir notre corps comme une forteresse assiégée par le climat et commencer à le considérer comme un système sophistiqué que nous pouvons apprendre à piloter. Il s’agit de comprendre les mécanismes en jeu, d’anticiper les défis et de fournir à notre organisme les bons outils au bon moment.

Cet article n’est pas une simple liste de conseils saisonniers. C’est un guide de pilotage corporel adapté aux micro-saisons québécoises. Nous allons décortiquer, étape par étape, comment transformer votre approche. De la science derrière votre crème hydratante à la gestion du choc thermique de retour de vacances, vous découvrirez des stratégies concrètes pour faire de votre corps non plus une victime, mais un allié résilient face aux caprices du climat.

Pour vous guider à travers cette approche proactive, nous explorerons les stratégies essentielles pour chaque défi que le climat québécois vous lance. Ce sommaire vous permettra de naviguer directement vers les solutions qui répondent à vos préoccupations immédiates.

Pourquoi votre crème hydratante d’été est-elle inefficace en janvier ?

En été, votre peau a besoin d’hydratation légère, principalement à base d’humectants comme l’acide hyaluronique, qui captent l’humidité de l’air. Mais en janvier, lorsque l’air extérieur est glacial et sec et que le chauffage intérieur assèche tout, cette stratégie devient contre-productive. Votre crème d’été peut même accélérer la déshydratation en ne fournissant aucune barrière protectrice. L’hiver québécois exige une transition vers des formules occlusives, qui créent un véritable bouclier physique sur l’épiderme pour empêcher l’eau de s’évaporer. Ces crèmes, plus riches, contiennent des ingrédients comme le beurre de karité, le squalane ou des céramides, qui miment et renforcent le film hydrolipidique naturel de la peau.

Penser que la même crème peut convenir toute l’année est l’erreur fondamentale qui mène aux gerçures, aux rougeurs et à la sensation de « peau de crocodile ». Il faut adopter une approche de « garde-robe de soins », en adaptant la texture et la composition de vos produits non seulement à la saison, mais aussi à la température du jour. Pour illustrer ce changement fondamental, le schéma ci-dessous montre la différence d’action entre les deux types de formules sur la barrière cutanée.

Comparaison microscopique de l'effet des crèmes hydratantes d'été versus d'hiver sur la peau exposée au froid québécois

Comme on peut le voir, la crème d’hiver maintient l’intégrité de la barrière cutanée, là où la formule estivale la laisse exposée. Des marques québécoises ont développé une expertise pointue dans ce domaine. Par exemple, la crème de protection thermale Zorah biocosmétiques de la ligne Yepa, formulée avec de l’huile d’argan, est spécifiquement conçue pour les rigueurs de nos hivers. Une étude de cas sur son efficacité en conditions hivernales québécoises montre qu’elle prévient activement la déshydratation et les brûlures causées par le froid lors d’activités extérieures, prouvant l’importance d’une formulation ciblée.

Votre plan d’action : Transition des soins de la peau été-hiver

  1. Analyser vos produits : Remplacez les crèmes à base d’humectants seuls (acide hyaluronique) par des formules occlusives (beurre de karité, squalane).
  2. Adopter une routine bi-phasique : Appliquez une crème protectrice et occlusive comme Zorah Yepa le matin pour l’extérieur, et un soin réparateur plus riche le soir.
  3. Privilégier les actifs locaux : Intégrez des ingrédients adaptés comme les extraits de sapin baumier que l’on retrouve dans certains produits québécois.
  4. Ajuster la texture : Optez pour une crème plus épaisse lorsque le thermomètre descend sous -20°C pour une protection maximale.
  5. Ne pas oublier les lèvres et les mains : Utilisez des baumes spécifiques et des crèmes mains riches plusieurs fois par jour, car ces zones sont les premières touchées.

Comment l’humidité de novembre réveille-t-elle l’arthrose et comment la soulager ?

L’adage populaire qui lie le temps humide aux douleurs articulaires n’est pas qu’une impression. La science commence à expliquer ce phénomène, particulièrement ressenti lors des automnes gris et humides du Québec. La clé ne serait pas l’humidité elle-même, mais les variations de pression barométrique qui l’accompagnent. Comme l’explique le Dr Louis Bessette, rhumatologue au Centre de recherche du CHU de Québec, ces changements de pression pourraient irriter les terminaisons nerveuses de la membrane synoviale, le tissu qui tapisse l’intérieur de nos articulations. Quand une articulation est déjà fragilisée par l’arthrose, cette stimulation supplémentaire se traduit par une augmentation de la douleur et de la raideur.

Ce « choc barométrique » est particulièrement notable en novembre, une période de transition où les systèmes météorologiques sont instables. Plutôt que de subir passivement ces douleurs, une stratégie préventive peut être mise en place dès octobre. Le protocole préventif du CHU de Québec, basé sur des observations cliniques, recommande une cure d’oméga-3 pour leurs propriétés anti-inflammatoires et des exercices de mobilité spécifiques avant même l’arrivée des premières neiges, comme le confirme une analyse de l’impact de la météo sur les rhumatismes. L’objectif est de renforcer la résilience de l’articulation avant qu’elle ne soit soumise à ce stress environnemental.

Pour gérer la douleur une fois installée, plusieurs solutions locales ont fait leurs preuves. Loin de se limiter aux médicaments, elles exploitent les ressources et le savoir-faire québécois pour apporter un soulagement tangible. Le tableau suivant compare quelques approches efficaces et accessibles.

Solutions québécoises pour soulager l’arthrose en automne
Approche Efficacité Disponibilité au Québec
Thermothérapie en contraste (spas nordiques) Amélioration circulation et réduction douleur Scandinave Spa, Strøm Spa
Supplémentation oméga-3 (huile de phoque) Réduction inflammation chronique Pharmacies locales
Exercices de mobilité intérieure Prévention raideur matinale CLSC et physiothérapeutes

Ce tableau, inspiré par les recommandations chiropratiques sur les douleurs articulaires par temps froid, démontre qu’une combinaison d’approches modernes et traditionnelles permet de construire une défense robuste contre les assauts de l’humidité automnale.

Laine mérinos ou synthétique : quelle première couche pour ne pas transpirer au froid ?

L’un des plus grands paradoxes de l’hiver québécois est de transpirer par -20°C. Ce phénomène, non seulement inconfortable mais dangereux, est souvent dû à un mauvais choix de première couche vestimentaire. La technique de l’oignon est connue, mais le choix du matériau pour la couche en contact avec la peau est crucial et dépend entièrement de votre activité. Les deux principaux concurrents sont la laine mérinos et les tissus synthétiques (polyester, polypropylène). Ils fonctionnent selon des principes de biomécanique adaptative très différents. Le synthétique agit comme une mèche : il n’absorbe pas l’humidité mais la tire loin de la peau pour qu’elle s’évapore rapidement. C’est idéal pour les activités intenses où l’on transpire beaucoup.

La laine mérinos, quant à elle, peut absorber jusqu’à 30% de son poids en humidité sans donner de sensation de moiteur. Sa force est sa capacité à isoler même lorsqu’elle est humide, en plus de ses propriétés antibactériennes naturelles qui limitent les odeurs. Ce choix n’est donc pas une question de supériorité absolue, mais d’adéquation à l’usage. L’illustration suivante symbolise la structure de ces fibres et leur interaction avec le corps.

Vue microscopique comparant les fibres de laine mérinos et synthétique avec leurs propriétés d'évacuation d'humidité

Pour un résident du Québec, le choix de la première couche doit être aussi dynamique que son agenda. Il ne s’agit pas d’avoir un seul type de sous-vêtement technique, mais plusieurs, adaptés à des scénarios précis de la vie d’ici :

  • Pour le ski de fond au parc de la Gatineau : Une activité très intense. Le synthétique est roi pour évacuer rapidement la sueur et éviter le coup de froid à l’arrêt.
  • Pour la pêche sur glace au Saguenay : Une activité statique par grand froid. La laine mérinos est supérieure, car elle vous gardera au chaud même si vous transpirez légèrement en installant votre équipement.
  • Pour attendre l’autobus en ville : Un mix de statique et de marche. La laine mérinos est un excellent choix pour son confort et ses propriétés antibactériennes lors des trajets en transport en commun.
  • Pour le fat bike sur neige : Une activité intense mais avec des arrêts. Une combinaison est possible : première couche synthétique pour l’évacuation, doublée d’une couche intermédiaire en polar technique.

Le budget est aussi un facteur. Le synthétique est généralement plus abordable, ce qui en fait un bon point de départ. Investir progressivement dans quelques pièces en mérinos pour des usages ciblés est une stratégie intelligente pour se bâtir une garde-robe hivernale performante et polyvalente.

L’erreur de surchauffer la maison qui fragilise vos muqueuses nasales

En plein cœur de janvier, le réflexe est de pousser le chauffage pour recréer un cocon de chaleur. C’est une erreur courante qui a des conséquences directes sur notre première ligne de défense contre les virus hivernaux : les muqueuses nasales. L’air chauffé par les plinthes électriques ou les systèmes à air pulsé devient extrêmement sec. Un air trop sec assèche le mucus protecteur du nez et de la gorge, le rendant moins efficace pour piéger les virus et les bactéries. Cela crée des micro-fissures dans les muqueuses, véritables portes d’entrée pour les infections. Vous pensez être à l’abri au chaud, mais vous rendez votre système respiratoire plus vulnérable.

La solution n’est pas de baisser le chauffage au point d’avoir froid, mais de trouver un équilibre délicat entre température et humidité. C’est un principe de régulation active de votre environnement intérieur. Selon les experts en santé respiratoire, pour préserver l’intégrité des muqueuses, il est idéal de maintenir une température autour de 20°C et un taux d’humidité relative entre 40 et 50%. En dessous de 30% d’humidité, le risque d’irritation et d’infection augmente considérablement. L’achat d’un simple hygromètre (disponible dans toutes les quincailleries comme Canadian Tire) est le meilleur investissement que vous puissiez faire pour votre santé hivernale.

Si vous constatez que votre taux d’humidité est trop bas, l’utilisation d’un humidificateur est la solution la plus directe. Cependant, des astuces simples et économiques, dignes de nos grands-mères québécoises, peuvent grandement aider à maintenir un taux d’humidité adéquat sans appareil :

  • Faire sécher le linge à l’intérieur : Utilisez un étendoir dans une pièce à vivre plutôt que la sécheuse. L’évaporation de l’eau humidifiera naturellement l’air.
  • Laisser la porte de la salle de bain ouverte : Après une douche chaude, laissez la vapeur se diffuser dans le reste de la maison.
  • Déposer des bols d’eau près des sources de chaleur : Placez des récipients d’eau sur les radiateurs ou près des plinthes électriques pour favoriser l’évaporation.
  • Utiliser un spray salin préventif : Des produits comme Hydrasense, utilisés matin et soir, aident à garder les muqueuses nasales hydratées de l’intérieur.
  • Intégrer des plantes d’intérieur : Certaines plantes comme le Ficus ou le Pothos libèrent de l’humidité dans l’air par un processus de transpiration.

En gérant activement l’humidité de votre maison, vous ne faites pas que protéger vos muqueuses ; vous contribuez aussi à préserver votre peau de la déshydratation et à réduire l’électricité statique si désagréable en hiver.

Quand installer votre climatiseur pour éviter la rupture de stock en juillet ?

Penser à la canicule en plein hiver peut sembler contre-intuitif, mais c’est le cœur même d’une stratégie de régulation active. L’adaptation au climat québécois, c’est aussi de l’anticipation. Chaque année, le même scénario se répète : la première vague de chaleur intense frappe fin mai ou début juin, et les magasins sont pris d’assaut. Attendre ce moment pour acheter ou installer un climatiseur est la garantie de faire face à des ruptures de stock, des prix plus élevés et des délais d’installation interminables.

Une analyse des données d’Environnement Canada montre que des villes comme Montréal et Trois-Rivières connaissent régulièrement leur première canicule bien avant le début officiel de l’été. En 2023, de nombreux commerces étaient déjà en rupture de stock de climatiseurs portatifs et de fenêtre dès la mi-juin. Cette situation laisse de nombreux résidents, en particulier ceux vivant en appartement et les personnes âgées, sans solution pendant les pics de chaleur de juillet et août. Or, la chaleur extrême n’est pas qu’une question d’inconfort : elle peut aggraver les conditions inflammatoires comme l’arthrose et représente un risque pour la santé cardiovasculaire.

Le moment idéal pour s’équiper n’est donc pas en réaction à la chaleur, mais en prévision. Le début du printemps, en avril ou début mai, est la fenêtre parfaite. Les inventaires sont pleins, les prix sont souvent plus raisonnables et les installateurs ont de la disponibilité. Pour ceux qui vivent en appartement, notamment dans des quartiers denses comme le Plateau Mont-Royal où l’installation peut être complexe, il est encore plus crucial d’anticiper. Si un climatiseur n’est pas une option, il est vital de mettre en place des stratégies alternatives bien avant la première alerte de chaleur :

  • Cartographier les îlots de fraîcheur : Repérez à l’avance les parcs avec des jeux d’eau, les bibliothèques climatisées et les centres communautaires près de chez vous.
  • Utiliser les centres commerciaux : Ils peuvent servir de refuge climatisé gratuit durant les heures les plus chaudes de la journée (13h-17h).
  • Maîtriser la ventilation nocturne : La technique la plus efficace en appartement. Ouvrez grand les fenêtres la nuit pour faire entrer l’air frais, puis fermez tout (fenêtres et rideaux opaques) le matin pour conserver la fraîcheur.
  • Créer des courants d’air : Même sans climatiseur, des ventilateurs portatifs placés stratégiquement (un qui aspire l’air frais d’une fenêtre à l’ombre, un autre qui expulse l’air chaud d’une fenêtre au soleil) peuvent faire baisser la température de quelques degrés.

Anticiper l’été en plein hiver est la marque d’une adaptation réussie. C’est appliquer la même logique de prévoyance que pour ses pneus d’hiver, mais pour son confort et sa santé estivale.

L’erreur de cocooning qui augmente vos risques cardiovasculaires de 20%

Lorsque le froid et la neige s’installent, l’appel du « cocooning » est puissant : rester au chaud sous une couverture, enchaîner les séries télévisées, limiter les sorties au strict nécessaire. Si ce repos est réconfortant, poussé à l’extrême, il se transforme en sédentarité hivernale, un piège qui a des conséquences physiologiques bien réelles. Le manque d’activité physique prolongé durant les mois d’hiver n’est pas anodin. Il entraîne une diminution de la capacité cardiovasculaire, une prise de poids et une augmentation de la rigidité artérielle. C’est une forme d’inertie physiologique qui affaiblit le corps au lieu de le protéger.

Des études récentes sur l’impact de l’inactivité saisonnière sont alarmantes. Elles montrent qu’une sédentarité prolongée durant l’hiver peut entraîner une augmentation de près de 20% du risque de développer des problèmes cardiovasculaires. Le corps, moins sollicité, devient moins efficace à gérer la pression sanguine et le métabolisme des sucres. L’erreur est de penser que l’hiver est une saison « off » pour le mouvement. Au contraire, maintenir une activité physique régulière est encore plus crucial pour contrer les effets du froid, de l’alimentation souvent plus riche et du manque de lumière.

L’enjeu, surtout pour ceux qui souffrent de douleurs articulaires, est de trouver des activités adaptées. Le Québec offre un terrain de jeu exceptionnel pour bouger en hiver sans pour autant traumatiser ses genoux ou ses hanches. Il s’agit de choisir des sports à faible impact qui maintiennent le corps en mouvement de façon douce et continue :

  • La raquette sur le Mont-Royal : Une marche en raquettes de 30 minutes peut brûler jusqu’à 200 calories avec un impact minimal sur les articulations, bien inférieur à celui de la course à pied.
  • Le patin sur les patinoires de quartier : Le mouvement de glisse est fluide et non percussif, ce qui en fait une excellente activité pour maintenir la mobilité articulaire du bas du corps.
  • Le ski de fond classique : Considéré comme l’un des sports les plus complets, il sollicite l’ensemble du corps de manière douce et rythmée.
  • La marche nordique avec bâtons : L’utilisation de bâtons permet de réduire de près de 30% l’impact sur les genoux et les hanches par rapport à une marche normale, tout en engageant le haut du corps.
  • Le « NEAT » hivernal : Le NEAT (Non-Exercise Activity Thermogenesis) représente les calories brûlées en dehors du sport. En hiver, on peut l’augmenter consciemment : monter les escaliers plusieurs fois par jour, cuisiner une tourtière debout plutôt qu’assis, ou faire le ménage en musique.

Combattre la sédentarité hivernale n’exige pas de devenir un athlète olympique. Il s’agit d’intégrer le mouvement comme un élément non négociable de votre routine, pour que le cocooning reste un plaisir et non un risque pour votre santé.

Quand consulter une clinique santé-voyage avant votre départ dans le Sud ?

Échapper à l’hiver québécois pour une semaine au soleil est un rituel pour beaucoup. Mais si l’on pense souvent aux vaccins et à la crème solaire pour l’aller, on oublie un aspect crucial : la préparation du corps au choc thermique du retour. Passer de +30°C sur une plage de Cuba à -20°C à l’aéroport de Montréal-Trudeau (YUL) n’est pas un simple désagrément. C’est un stress physiologique intense pour l’organisme, qui peut affaiblir le système immunitaire et réveiller violemment les douleurs articulaires. Les « snowbirds » et les vacanciers le savent bien : les 72 heures suivant le retour sont souvent les plus difficiles.

Une étude sur l’impact de ces transitions brutales a montré que le stress physiologique du retour d’un pays chaud peut provoquer une dilatation des tissus autour des articulations, due aux changements rapides de pression atmosphérique, augmentant significativement les douleurs. Une consultation en clinique santé-voyage ne devrait donc pas se limiter à la prévention des maladies tropicales. C’est l’occasion de discuter d’une stratégie de ré-acclimatation avec un professionnel. Le bon moment pour consulter est 4 à 6 semaines avant le départ, non seulement pour les vaccins, mais aussi pour planifier la gestion du retour.

Cette transition se prépare activement, comme le montre l’image d’un voyageur faisant face au contraste saisissant entre son souvenir récent et la réalité glaciale du Québec. Il ne s’agit pas de subir, mais de piloter son corps à travers cette épreuve.

Contraste visuel entre plage ensoleillée et aéroport enneigé du Québec illustrant le choc thermique du retour

Voici un protocole de ré-acclimatation simple à mettre en place pour minimiser l’impact du retour en plein cœur de l’hiver québécois :

  • 72h avant le retour : Commencez une « hyper-hydratation » de votre peau avec les crèmes riches que vous utilisez en hiver. Votre peau, habituée à l’humidité tropicale, aura besoin de ce bouclier.
  • Jour du retour : Ayez dans votre bagage à main une crème de protection thermale (type Zorah Yepa) et appliquez-la sur votre visage et vos mains avant même de sortir de l’aéroport.
  • 24-48h post-retour : Évitez les chocs thermiques inutiles. Augmentez la température de votre domicile progressivement et évitez les longues sorties non essentielles.
  • Semaine 1 : Envisagez de doubler votre apport en vitamine D et en oméga-3 pour soutenir votre système immunitaire mis à rude épreuve par le changement.
  • Continuez la protection solaire : Ne rangez pas votre crème solaire. La réverbération du soleil sur la neige à Tremblant peut être aussi intense, voire plus, que sur une plage, à cause de l’altitude et de la réflexion.

À retenir

  • L’adaptation au climat québécois est une compétence qui s’apprend, pas un trait génétique. Elle repose sur l’anticipation et la régulation active.
  • Votre plus grand ennemi n’est ni le froid, ni le chaud, mais l’inertie. Changer de routine (soins, vêtements, activité) de manière dynamique est la clé de la résilience.
  • La protection de votre corps se joue à la fois à l’extérieur (vêtements, crèmes) et à l’intérieur (humidité de la maison, activité physique, santé mentale).

Dépression saisonnière ou simple fatigue : comment faire la différence ?

La baisse d’énergie, l’envie de dormir plus, une humeur maussade… L’hiver amène son lot de changements. Mais il est crucial de ne pas tout mettre sur le compte de la « fatigue hivernale ». Il faut savoir faire la différence entre un simple coup de mou et un véritable trouble affectif saisonnier (TAS), aussi appelé dépression saisonnière. La latitude élevée du Québec, qui entraîne une diminution drastique de l’exposition à la lumière naturelle en hiver, augmente significativement le risque de développer un TAS. Ce n’est pas une question de volonté, mais de biochimie : le manque de lumière perturbe la production de sérotonine (l’hormone du bien-être) et de mélatonine (l’hormone du sommeil).

Alors, comment distinguer les deux ? La fatigue hivernale est généralement légère et n’empêche pas de fonctionner au quotidien. Le TAS, lui, est une forme de dépression récurrente avec des symptômes plus marqués qui impactent la vie sociale et professionnelle : une tristesse persistante, une perte d’intérêt pour les activités que l’on aime, une envie irrépressible de manger des glucides (« carbohydrate craving »), une prise de poids et une hypersomnie (le besoin de dormir beaucoup plus que d’habitude). Si ces symptômes vous semblent familiers et reviennent chaque hiver, il est essentiel de ne pas les ignorer et de consulter.

La bonne nouvelle est que des solutions efficaces et accessibles existent au Québec. La plus connue et étudiée est la luminothérapie. S’exposer chaque matin à une lampe de 10 000 lux pendant environ 30 minutes peut « recaler » l’horloge biologique et relancer la production de sérotonine. Mais ce n’est pas la seule ressource. Le réseau de la santé québécois offre un soutien structuré pour ceux qui en ont besoin :

  • Info-Santé 811 : C’est la porte d’entrée. Une consultation téléphonique gratuite 24/7 avec une infirmière permet une première évaluation et une orientation vers la bonne ressource.
  • Votre CLSC de quartier : Il offre un accès à des psychologues et des travailleurs sociaux, souvent sans qu’une référence médicale soit nécessaire.
  • Association québécoise de prévention du suicide (1-866-APPELLE) : Le risque suicidaire peut augmenter en hiver pour les personnes souffrant de dépression. Cette ligne d’écoute est une ressource vitale en cas de détresse.
  • Achat de lampes de luminothérapie : Des lampes conformes aux standards médicaux (10 000 lux, sans UV) sont disponibles dans les grandes pharmacies comme Jean Coutu. Demandez conseil à votre pharmacien.
  • Programmes d’activité physique adaptés : Des organismes comme les YMCA ou les centres communautaires proposent des cours de groupe qui combinent les bienfaits de l’exercice et du lien social, deux puissants antidépresseurs.

Reconnaître les signes du TAS et chercher de l’aide n’est pas un signe de faiblesse, mais une démarche proactive de régulation de sa santé mentale, tout aussi importante que de protéger sa peau du froid.

Mettre en pratique ces stratégies de régulation active est l’étape suivante pour transformer votre expérience du climat québécois. Commencez dès aujourd’hui à observer, anticiper et agir pour faire de votre corps un allié résilient, quelle que soit la météo.

Rédigé par Geneviève Bédard, Travailleuse sociale membre de l'OTSTCFQ, spécialisée en gérontologie, soutien aux proches aidants et développement de l'enfant. Elle possède 20 ans d'expérience dans le réseau des CLSC et en pratique privée.