
La survie financière et mentale d’une proche aidante au Québec dépend moins de la liste des aides disponibles que de sa capacité à surmonter les barrières invisibles (culpabilité, méconnaissance) qui l’empêchent de les demander.
- S’identifier officiellement comme « proche aidante » est la première étape non négociable pour débloquer l’accès aux ressources.
- Le répit n’est pas un luxe : les CLSC et les organismes communautaires comme L’Appui offrent des solutions concrètes pour éviter l’épuisement.
- Ignorer les crédits d’impôt comme celui pour le maintien à domicile est une erreur financière majeure qui vous coûte des milliers de dollars chaque année.
Recommandation : Votre première action doit être d’évaluer objectivement votre situation avec les outils de cet article pour enfin passer à l’action et demander l’aide à laquelle vous avez droit.
Entre les rendez-vous médicaux de votre parent, vos propres obligations professionnelles et cette charge mentale qui ne semble jamais s’alléger, vous vous sentez au bout du rouleau. Vous donnez tout, sans compter, mais vous avez l’impression de vous vider, physiquement et émotionnellement. Vous savez qu’il existe probablement des aides, mais le système vous paraît être une montagne administrative insurmontable, et une petite voix vous souffle que « vous devriez y arriver seule ». Cette impression d’être à la fois indispensable et complètement isolée est le quotidien de centaines de milliers de Québécoises dans votre situation.
Beaucoup d’articles se contentent de lister des crédits d’impôt ou des programmes de manière technique. On vous dit de « prendre soin de vous » ou de « demander de l’aide », des conseils qui sonnent creux quand on ne sait ni par où commencer, ni comment trouver l’énergie pour le faire. La fatigue brouille les pistes et la culpabilité paralyse. On repousse les démarches, on minimise son propre épuisement et on se dit que c’est temporaire, alors que la situation s’installe durablement.
Et si la véritable clé n’était pas dans une liste exhaustive d’aides, mais dans la déconstruction des obstacles intérieurs qui vous empêchent d’y accéder ? Cet article n’est pas un simple répertoire. C’est une feuille de route conçue pour vous, la femme de 50 ans qui jongle avec tout. Nous allons démanteler ensemble, étape par étape, les barrières les plus courantes : le refus de porter l’étiquette de « proche aidante », la peur de prendre des décisions irréversibles comme le choix d’une résidence, et les erreurs financières qui fragilisent votre avenir. Notre objectif n’est pas seulement de vous informer, mais de vous redonner le pouvoir d’agir.
Pour vous guider de manière claire et structurée, cet article est organisé pour répondre à vos préoccupations les plus pressantes. Nous aborderons d’abord l’importance cruciale de vous reconnaître dans ce rôle, puis nous détaillerons les démarches concrètes pour obtenir du répit, prendre des décisions éclairées, et mobiliser votre entourage. Enfin, nous vous donnerons les clés pour identifier les signaux d’alarme de l’épuisement avant qu’il ne soit trop tard.
Sommaire : S’y retrouver dans les aides et le soutien pour proches aidants au Québec
- Pourquoi refusez-vous de vous identifier comme « proche aidant » alors que vous l’êtes ?
- Comment accéder aux services de répit-dépannage dans votre CLSC ?
- Maison de retraite ou maintien à domicile : comment décider sans culpabiliser ?
- L’erreur de quitter son emploi pour aider sans calculer la perte de rente future
- Comment tenir un conseil de famille efficace pour répartir les tâches d’aide ?
- L’erreur de ne pas demander le crédit d’impôt pour maintien à domicile
- Groupe de parole ou aide individuelle : quel format vous convient ?
- Comment reconnaître les signes avant-coureurs du burn-out avant l’arrêt de travail ?
Pourquoi refusez-vous de vous identifier comme « proche aidant » alors que vous l’êtes ?
La première barrière, et la plus insidieuse, n’est pas administrative : elle est psychologique. Vous vous dites « je ne suis pas une proche aidante, je suis juste sa fille ». Vous aidez par amour, par devoir, et l’idée d’apposer une étiquette sur ce rôle vous semble froide, presque réductrice. Pourtant, ce refus de vous identifier est ce qui vous ferme la porte à tout l’écosystème de soutien. Au Québec, on estime qu’1 Québécois sur 4 est proche aidant, mais une grande partie de ces personnes, comme vous peut-être, ne se reconnaissent pas dans cette définition. Or, administrativement, reconnaître ce statut est la clé qui ouvre toutes les serrures : accès aux services de répit, aux crédits d’impôt, au soutien psychosocial.
Ce déni est souvent nourri par l’idée que l’aide que vous apportez est « normale ». Vous avez commencé par faire les courses, puis gérer les rendez-vous, puis la médication… Progressivement, l’aide s’est intensifiée sans que vous ne preniez conscience de l’ampleur de la tâche. S’identifier comme proche aidante, ce n’est pas renier le lien affectif ; c’est reconnaître objectivement la charge et vous donner le droit de ne pas la porter seule. C’est un acte de lucidité, pas de froideur. Pour savoir où vous vous situez, cette auto-évaluation peut vous éclairer :
- Aidez-vous régulièrement un proche pour ses déplacements ou ses rendez-vous médicaux ?
- Gérez-vous les médicaments, les finances ou la correspondance d’un membre de votre famille ?
- Consacrez-vous plus de 5 heures par semaine à soutenir un proche malade, âgé ou en perte d’autonomie ?
- Avez-vous déjà modifié votre horaire de travail ou refusé une opportunité professionnelle pour accompagner un proche ?
- Ressentez-vous une fatigue persistante, du stress ou de l’irritabilité que vous liez à l’aide que vous apportez ?
Si vous avez répondu « oui » à plusieurs de ces questions, vous n’êtes pas « juste une fille » ou « juste un fils ». Vous êtes une proche aidante, et cela vous donne des droits et un accès à des ressources conçues spécifiquement pour vous.
Comment accéder aux services de répit-dépannage dans votre CLSC ?
L’idée de contacter votre CLSC local peut sembler intimidante, évoquant des images de bureaucratie et de longues attentes. Pourtant, le CLSC est la porte d’entrée officielle et gratuite vers les services de soutien à domicile et de répit. Le répit n’est pas un luxe, c’est une nécessité vitale pour prévenir l’épuisement. Il vous permet de souffler, de vous occuper de vos propres besoins, et de revenir plus sereine et efficace dans votre rôle d’aidante. Le processus, bien que structuré, est plus humain qu’il n’y paraît.

La première étape consiste à briser l’isolement et à faire le premier appel. La meilleure porte d’entrée est l’accueil psychosocial, accessible simplement en composant le 811 et en choisissant l’option 2. Un intervenant pourra vous écouter, faire une première évaluation de l’urgence et vous guider vers votre CLSC. Pour vous préparer à cette démarche, suivez ces étapes clés :
- Trouvez votre CLSC : Utilisez l’outil de recherche sur le site du gouvernement du Québec avec le code postal de la personne aidée pour identifier le bon établissement.
- Contactez l’accueil psychosocial (811, option 2) : Expliquez votre situation. C’est le point de départ pour une évaluation formelle.
- Préparez votre entretien : Avant le premier rendez-vous avec un travailleur social, listez précisément les besoins de votre proche (aide aux repas, aux soins d’hygiène, etc.) et vos propres besoins (heures de répit, soutien moral). Rassemblez les documents pertinents (rapports médicaux, liste de médicaments).
- L’évaluation des besoins : Un travailleur social évaluera la situation globale (autonomie de la personne aidée, votre niveau d’épuisement, le réseau de soutien existant). Soyez honnête sur vos limites.
- Le plan d’intervention : Suite à l’évaluation, un plan personnalisé vous sera proposé, incluant un certain nombre d’heures de répit, de l’aide à domicile ou l’orientation vers d’autres ressources.
Face aux listes d’attente qui peuvent exister dans le système public, il est crucial de savoir qu’il existe des alternatives. Des organismes communautaires financés par L’Appui pour les proches aidants offrent souvent du répit plus rapidement. Le Carrefour des proches aidants de Québec, par exemple, peut organiser du répit à domicile avec un préavis de 48 heures seulement. Ne restez pas sans solution en attendant une réponse du CLSC.
Votre démarche proactive est le moteur du processus. N’attendez pas d’être au bout de vos forces pour initier le contact. Le premier appel est souvent le plus difficile, mais il est aussi le plus libérateur.
Maison de retraite ou maintien à domicile : comment décider sans culpabiliser ?
Il ne s’agit pas d’un abandon, mais de choisir le milieu de vie le plus sécuritaire et stimulant для votre proche.
– Dr. Réjean Hébert, Gériatre et ancien ministre de la Santé du Québec
Cette décision est l’une des plus chargées émotionnellement. La culpabilité, la peur du jugement et le sentiment de trahir une promesse faite à votre parent peuvent paralyser toute réflexion logique. La citation du Dr. Réjean Hébert, sommité québécoise en gériatrie, recadre parfaitement l’enjeu : l’objectif n’est pas de vous décharger, mais d’assurer la sécurité et le bien-être de la personne que vous aimez. Parfois, le maintien à domicile, malgré tous vos efforts, devient moins sécuritaire qu’un environnement encadré. Poser la question de la résidence pour aînés (RPA) n’est pas un échec, c’est un acte de responsabilité.
Pour sortir de l’émotion pure, il est essentiel d’objectiver la décision en comparant les faits. Le tableau suivant synthétise les principaux critères à considérer dans le contexte québécois. Il met en lumière non seulement les coûts, mais aussi les aspects de vie quotidienne et les aides spécifiques, comme le crédit d’impôt pour maintien à domicile qui, chose importante, peut aussi s’appliquer à certains services en RPA.
| Critère | Maintien à domicile | Résidence pour aînés (RPA) |
|---|---|---|
| Coût mensuel moyen | 1 500 $ – 3 000 $ | 2 000 $ – 5 000 $ |
| Crédit d’impôt maintien à domicile | Jusqu’à 9 690 $/an (38 % des dépenses) | Applicable sur services admissibles |
| Autonomie décisionnelle | Complète | Selon l’état de santé |
| Services médicaux | À domicile ou déplacement requis | Sur place généralement |
| Socialisation | Effort actif requis | Intégrée au quotidien |
La meilleure décision est celle qui est prise de manière éclairée, en impliquant votre parent autant que possible, et en consultant le travailleur social de votre CLSC. Il peut évaluer le niveau d’autonomie et vous aider à déterminer quel environnement répondra le mieux aux besoins évolutifs de votre proche, tout en préservant votre propre santé.
L’erreur de quitter son emploi pour aider sans calculer la perte de rente future
Face à l’intensification des besoins de votre proche, l’idée de quitter votre emploi peut sembler être la seule solution, un sacrifice ultime par amour. C’est une décision lourde de conséquences, non seulement pour votre équilibre financier immédiat, mais aussi pour votre avenir à long terme. Au Québec, des données de l’Institut de la statistique du Québec montrent que 57% des personnes proches aidantes occupaient un emploi en 2018, ce qui illustre à quel point ce dilemme est répandu. L’erreur la plus commune est de ne voir que le court terme : « j’arrête de travailler pour être plus disponible ».
Cependant, il faut calculer la « perte invisible ». Quitter son emploi, c’est aussi renoncer à des années de cotisation à votre régime de retraite (RRQ) et à vos fonds de pension privés. C’est perdre l’accès à l’assurance collective, fragiliser votre propre sécurité financière pour la retraite et rendre une réintégration sur le marché du travail plus difficile dans quelques années. Avant de prendre une décision aussi radicale, il est impératif d’explorer toutes les alternatives que la loi et les politiques d’entreprise permettent au Québec.
La démission doit être le tout dernier recours, une fois que toutes les autres options ont été épuisées. La Loi sur les normes du travail et les programmes fédéraux offrent des filets de sécurité conçus précisément pour ces situations. Voici les pistes à explorer activement avec votre employeur avant de remettre votre lettre :
- Congé pour raisons familiales ou parentales : La loi québécoise vous autorise à vous absenter du travail sans salaire pendant une période pouvant aller jusqu’à 27 semaines sur 12 mois pour prendre soin d’un proche. Votre lien d’emploi est protégé.
- Prestations d’assurance-emploi pour proches aidants : Le gouvernement fédéral offre des prestations (jusqu’à 15 semaines pour un adulte gravement malade) qui remplacent 55% de votre salaire, vous permettant de vous absenter temporairement.
- Négocier un aménagement d’horaire : Discutez avec votre employeur de la possibilité de faire du télétravail partiel, d’avoir un horaire flexible ou une semaine de travail comprimée.
- Programme de Soutien aux travailleurs-aidants : Des organismes comme L’Appui peuvent vous accompagner dans vos démarches auprès de votre employeur.
- Utiliser les banques de temps : Avant tout, épuisez vos jours de vacances accumulés, vos congés personnels et vos congés maladie.
Envisager ces options n’est pas un signe de moindre dévouement. C’est un acte de clairvoyance qui protège non seulement votre proche, mais aussi votre propre avenir financier et votre bien-être à long terme.
Comment tenir un conseil de famille efficace pour répartir les tâches d’aide ?
Le sentiment que « tout repose sur vos épaules » est un facteur majeur d’épuisement. Souvent, cette surcharge n’est pas due à la mauvaise volonté de vos frères et sœurs, mais à une absence de communication claire et de structure. Organiser un « conseil de famille » n’est pas une confrontation, mais une réunion de gestion de projet dont le projet est le bien-être de votre parent. L’objectif est de passer d’une charge implicite et mal répartie à un plan d’action explicite et équitable.
Pour que cette rencontre soit constructive et non une séance de reproches, elle doit être préparée. Envoyez une invitation avec un ordre du jour clair, en précisant que le but est de trouver des solutions ensemble. Le jour J, instaurez une règle de base : on ne parle que de solutions, pas de griefs passés. L’ordre du jour suivant peut servir de guide pour structurer la discussion et s’assurer que tous les aspects sont couverts, y compris la fameuse « charge mentale » :
- Bilan des besoins actuels : Listez de manière factuelle toutes les tâches à accomplir (rendez-vous médicaux, courses, gestion administrative, compagnie, soins d’hygiène…).
- Inventaire des ressources de chacun : Chaque membre de la famille expose honnêtement ses disponibilités (temps), ses compétences (ex: l’un est bon avec la paperasse, l’autre avec la logistique) et ses contraintes (proximité géographique, travail).
- Répartition équitable des tâches : Attribuez des responsabilités claires. La répartition ne doit pas être que physique ; celui qui ne peut pas se déplacer peut prendre en charge la gestion des factures ou les appels administratifs.
- Discussion sur les contributions financières : Abordez ouvertement la question des coûts (aide à domicile, matériel adapté) et décidez d’une participation équitable.
- Mise en place d’un calendrier partagé : Utilisez un outil simple comme Google Calendar pour visualiser qui fait quoi et quand. Cela évite les oublis et les malentendus.
- Planification du prochain suivi : Convenez d’une prochaine rencontre (par exemple, dans un mois) pour faire le point et ajuster le plan.
Si la dynamique familiale est tendue et que vous anticipez des conflits, ne renoncez pas. Une ressource précieuse et méconnue existe : la médiation familiale offerte gratuitement par les CLSC pour les situations de proche aidance. Un travailleur social neutre peut animer la rencontre, faciliter la communication et vous aider à formaliser un plan accepté par tous.
Partager le fardeau n’allège pas seulement votre emploi du temps ; cela brise l’isolement et renforce les liens familiaux autour d’un objectif commun, à condition que la communication soit ouverte et structurée.
L’erreur de ne pas demander le crédit d’impôt pour maintien à domicile
Parmi les aides financières disponibles, le crédit d’impôt pour maintien à domicile des aînés est sans doute la plus substantielle et, paradoxalement, l’une des plus sous-utilisées par méconnaissance. Beaucoup de proches aidants pensent à tort que c’est trop compliqué ou qu’ils n’y ont pas droit. C’est une erreur qui peut vous coûter très cher. Pour l’année 2024, ce crédit remboursable peut atteindre jusqu’à 9 690 $ par année, ce qui correspond à 38% des dépenses admissibles (plafonnées à 25 500 $). C’est de l’argent direct que Revenu Québec vous retourne pour alléger vos dépenses.
Le principal malentendu concerne le moment où l’on reçoit l’aide. Nul besoin d’attendre votre déclaration de revenus annuelle. Vous pouvez demander des versements anticipés et recevoir un montant chaque mois, ce qui a un impact direct et immédiat sur votre budget. L’exemple de Monique, tiré d’une illustration de Revenu Québec, est très parlant : elle paie 1 200 $ par mois pour l’aide à domicile de son père André, 70 ans. En faisant la demande de versements anticipés, elle reçoit désormais 456 $ chaque mois directement de Revenu Québec (38 % de 1 200 $). Sa charge financière réelle est ainsi réduite à 744 $, au lieu d’attendre un an pour un remboursement unique.
L’autre erreur est de sous-estimer la liste des dépenses admissibles. Ce crédit ne couvre pas seulement l’infirmière ou le préposé. De nombreuses dépenses du quotidien sont incluses, et les connaître peut maximiser le montant que vous récupérez. Voici une liste de dépenses surprenantes que vous pouvez inclure :
- Les services d’une aide domestique pour le ménage, la lessive ou la préparation des repas.
- Les frais d’une infirmière privée, même pour une visite ponctuelle.
- Le coût d’abonnement à un système de télésurveillance ou un « bouton panique ».
- Les services de déneigement et d’entretien du terrain (tonte de la pelouse).
- Les frais de livraison de repas par des organismes communautaires (ex: popote roulante).
- La portion admissible des services inclus dans le loyer d’une résidence privée pour aînés (RPA).
Prendre quelques heures pour remplir le formulaire de demande (TP-1029.MD.5) peut sembler fastidieux, mais le retour financier mensuel et annuel en vaut largement l’effort. C’est l’un des leviers les plus puissants pour alléger votre fardeau financier.
Groupe de parole ou aide individuelle : quel format vous convient ?
Lorsque la charge devient trop lourde, reconnaître son besoin de soutien psychologique est une étape cruciale. Mais une nouvelle question se pose : quel format est le plus adapté à votre situation ? Le Québec offre un éventail de ressources, allant des groupes de parole communautaires à l’aide psychosociale individuelle. Le choix dépend de votre besoin principal du moment : cherchez-vous à briser l’isolement ou à travailler sur une problématique personnelle et confidentielle ? Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, seulement ce qui est juste pour vous, ici et maintenant.
Pour vous aider à y voir plus clair, ce tableau compare les deux approches. Il ne s’agit pas de les opposer, car elles peuvent être complémentaires, mais de comprendre leurs forces respectives pour que vous puissiez vous diriger vers la ressource la plus pertinente pour vous.
| Critère | Groupe de parole | Aide individuelle |
|---|---|---|
| Avantages principaux | Briser l’isolement, partage d’astuces pratiques | Confidentialité totale, travail en profondeur |
| Idéal pour | Sentiment de solitude, besoin de sentir compris par des pairs | Épuisement sévère, conflits familiaux complexes, anxiété |
| Coût au Québec | Souvent gratuit (organismes communautaires, L’Appui) | Variable (gratuit au CLSC, payant en privé avec assurance) |
| Accessibilité | Horaires fixes, déplacement souvent requis | Plus flexible, nombreuses options en ligne (télécounseling) |
| Durée moyenne | 1h30 à 2h par rencontre | 50 minutes par séance |
Si vous êtes en situation de détresse immédiate et que vous avez besoin de parler à quelqu’un sans attendre, la ressource la plus importante à connaître est la ligne Info-Social 811 (option 2). Disponible 24/7, ce service gratuit vous met en contact avec un professionnel (travailleur social, psychologue) qui peut vous offrir une écoute, des conseils immédiats et vous orienter vers les ressources pérennes (groupe ou individuel) dans votre région. C’est souvent la meilleure porte d’entrée pour obtenir de l’aide rapidement et sans jugement.
Que vous choisissiez la force du collectif dans un groupe de parole ou l’intimité d’un suivi individuel, le simple fait de verbaliser ce que vous vivez est une étape thérapeutique puissante. C’est la reconnaissance que vous aussi, vous avez le droit d’être aidée.
À retenir
- Votre rôle a une valeur immense, mais il a aussi un coût. Vous identifier comme proche aidante est la première étape pour accéder à l’écosystème de soutien québécois.
- Le soutien n’est pas qu’une question d’argent. Le répit (CLSC, organismes), l’aide psychologique (811, groupes de parole) et le partage des tâches familiales sont tout aussi vitaux.
- Agir de manière préventive est un acte de responsabilité. N’attendez pas le mur de l’épuisement pour demander les crédits d’impôt, explorer les congés ou appeler à l’aide.
Comment reconnaître les signes avant-coureurs du burn-out avant l’arrêt de travail ?
L’épuisement du proche aidant n’arrive pas d’un coup. Il s’installe progressivement, masqué par le dévouement et le sentiment d’obligation. Le reconnaître avant qu’il ne mène à un arrêt de travail complet ou à des problèmes de santé graves est essentiel, non seulement pour vous, mais aussi pour la qualité des soins que vous donnez. Les signes avant-coureurs sont souvent plus subtils qu’une simple fatigue. Il s’agit d’un changement de comportement : une hypervigilance constante (vous êtes toujours sur le qui-vive), une irritabilité croissante envers votre entourage et parfois même envers la personne aidée, suivie d’une vague de culpabilité intense.
Un autre signal d’alarme est la négligence de votre propre santé. Vous sautez des repas, vous annulez vos propres rendez-vous médicaux, vous ne dormez plus correctement. Vous entrez dans un mode de survie où seuls les besoins de l’autre comptent. C’est une pente dangereuse. L’épuisement n’est pas un échec personnel ; c’est un risque systémique. Se brûler, c’est mettre en danger votre capacité à aider. Reconnaître ces signes n’est pas un aveu de faiblesse, mais une prise de conscience qui permet d’agir.
Si vous vous reconnaissez dans ces descriptions, il est temps de déclencher un plan d’urgence. N’attendez pas de ne plus pouvoir vous lever le matin. Au Québec, des ressources sont prévues pour intervenir rapidement. L’échelle de fardeau de Zarit, un outil utilisé par les professionnels, peut aider à objectiver votre niveau de charge, mais votre propre ressenti est le meilleur indicateur. Si vous sentez que la limite est proche, agissez immédiatement.
Votre plan d’action immédiat contre l’épuisement
- Organisez un répit d’urgence : Ne reportez pas. Contactez votre CLSC ou appelez Info-aidant au 1-855-852-7784 pour trouver une solution de répit immédiate, même pour quelques heures.
- Parlez à un professionnel maintenant : Composez le 811 (option 2) pour joindre Info-Social. C’est gratuit, confidentiel, disponible 24/7 et vous permettra de verbaliser votre détresse à un intervenant qualifié.
- Consultez votre médecin de famille : Prenez rendez-vous pour faire un bilan de santé et discuter de la situation. Votre médecin peut évaluer la nécessité d’un arrêt de travail préventif pour vous protéger.
- Évaluez votre charge objectivement : Demandez à un intervenant du CLSC d’utiliser des outils comme l’Échelle de fardeau de Zarit pour avoir un portrait clair de votre situation et justifier les demandes d’aide.
- Activez votre réseau : Mettez en pratique les conseils sur le conseil de famille. Informez un frère, une sœur ou un ami proche que vous êtes à votre limite et que vous avez besoin d’aide concrète, maintenant.
L’aide la plus urgente à obtenir est celle que vous vous accorderez à vous-même. Utilisez les ressources de cet article, appelez le 811 ou Info-aidant, et faites le premier pas pour préserver votre propre santé dès aujourd’hui. Prendre soin de vous est la meilleure façon de continuer à prendre soin de votre proche.
Questions fréquentes sur le soutien aux proches aidants au Québec
Quels sont les signes subtils spécifiques au proche aidant ?
Au-delà de la fatigue, les signes les plus spécifiques sont l’hypervigilance constante (être toujours en alerte), la négligence de sa propre santé (repas sautés, rendez-vous médicaux annulés ou reportés), et un cycle d’irritabilité ou de perte de patience envers la personne aidée, immédiatement suivi par une vague d’intense culpabilité.
L’épuisement du proche aidant est-il un échec personnel ?
Absolument pas. C’est une conséquence prévisible d’une surcharge prolongée. Le considérer comme un échec est une erreur qui mène à l’isolement. Au contraire, reconnaître son épuisement est un acte de responsabilité, car un aidant épuisé devient un risque pour la sécurité et la qualité des soins de la personne aidée. Prendre soin de soi est donc une partie intégrante du soin à l’autre.
Existe-t-il un test pour évaluer mon niveau de charge ?
Oui, l’outil le plus reconnu et utilisé par les professionnels au Québec est l’Échelle de fardeau de Zarit. C’est un questionnaire qui permet d’objectiver le niveau de charge et de stress ressenti par le proche aidant. Vous pouvez demander à un intervenant de votre CLSC de le faire avec vous pour avoir un portrait clair de votre situation.